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Entretien Buthion/Jarnac

 

 

 

 

 

Entretien Buthion

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Le Trésor de Rennes-Le-Château

et

l’Abbé Bérenger Saunière

 

 

 

UN ENTRETIEN avec M. HENRI BUTHION

 

 

En 1886, l'abbé Bérenger Saunière, curé de Rennes-Le-Château, découvrait, au cours de la réfection de son église, deux documents dissimulés dans un pilier du maître-autel. Cette découverte fut suivie de plusieurs autres qui furent, indéniablement, à l'origine de sa mystérieuse fortune.

 

Propriétaire depuis novembre 1964 de l'ancien domaine de l'abbé Saunière, M. Henri Buthion a bien voulu m'accorder un entretien. Sa vision de l'histoire de Rennes-Le-Château est séduisante et empreinte d'une poésie certaine.

 

Notre rencontre eut lieu dans la tour Magdala.

 

Pierre Jarnac ©

 

 

L'EGLISE DE RENNES-LE-CHATEAU.

 

 

L'origine de l'église de Rennes-le-Château remonte incontestablement à la période de l'art Lombard donc à la fin du VIIIème siècle, au début du règne de Charlemagne, et cela correspond à la période où cet empereur est certainement passé dans la région.

Il semble absolument certain que les documents que détiendraient la Ligue Internationale des Libraires anciens, parchemins qui ont été recopiés et adressés en 1966 à M. Marius Fatin, propriétaire du château de Rennes, et dont le fils lui a succédé, sont absolument authentiques.

Toujours d'après ces documents, l'église de Rennes-le-Château daterait de 771. Elle aurait été édifiée par les petit-fils de Sigebert IV pour servir de sépulture à leur grand-père. Les historiens catholiques ont toujours prétendu que ce jeune prince avait péri aux côtés de Dagobert II dans l'embuscade de Stenay, le 23 décembre 679. Mais il semble désormais évident que Sigebert IV a survécu à cet attentat.

La preuve en est faite grâce à la dalle des Chevaliers. D'un côté, il y a un cavalier seul, c'est un monarque. De l'autre, il y a un cavalier ramenant un enfant. D'après les documents détenus par la Ligue, ces papiers raconteraient l'évasion de Sigebert IV, grâce à un cavalier qui se serait appelé Plant-Ard.

Comment révoquer ce scénario depuis les révélations apportées par les parchemins de la Ligue ? En effet, il semble difficile de supposer qu'un organisme d'une telle notoriété ait raconté une histoire inventée de toutes pièces.

Par conséquent, tout se confirme. La dalle a été authentifiée par les Services Historiques, comme étant bien du VIIIème siècle, de l'époque carolingienne. On ne voit pas pourquoi on aurait fabriqué une dalle rapportant ces deux faits essentiels, à savoir : une lignée royale d'une part et de l'autre une descendance. Comment aurait-on pu inventer cela pour faire valoir douze siècles plus tard une descendance légitime ?

 

Considérant, je suis absolument convaincu que l'église de Rennes-le-Château était bien la chapelle comtale des seigneurs de Razès, descendants de Clovis et de Sigebert IV. Fait d'ailleurs assez troublant, il semble que la devise " ET IN ARCADIA EGO " n'a pas pu être inventée. On la retrouve étrangement sur le tableau des Bergers d'Arcadie peint par Nicolas Poussin, vers 1638, ainsi que sur la stèle de la marquise de Blanchefort, seigneuresse du pays de Rennes, morte au château et inhumée dans le cimetière le 19 janvier 1781. Il est également établi que les Sicambres, le terme n'est pas de nous mais de Saint Rémy - il fait loi tout de même -, venaient d'Arcadie.

L'église actuelle, avec son clocher au milieu, n'est que le remaniement de l'ancienne chapelle comtale, dont les proportions étaient évidemment plus petites. Quand on regarde les arcades des deux premières travées, elles sont bien d'époque carolingiennes, c'est indéniable. Il y a des arcades lombardes à l'extérieur. Ensuite, la seconde partie est incontestablement un agrandissement fait au XIIème ou XIIIème siècle par les Templiers. Lorsque l'on regarde l'architecture des commanderies de cet Ordre, on retrouve exactement le même principe avec les renforts extérieurs et le resserrement des piliers à la base. Alors pourquoi les Templiers ont-ils agrandi l'église, cette chapelle comtale ?

Je pense que la raison est assez simple. C'est qu'il ne devait plus rester à l'époque que cette église à Rennes-le-Château et que, par conséquent, elle était trop petite. Il est difficile de connaître le nombre d'habitants qu'il y avait aux XIIème-XIIIème siècles, toutefois, on sait qu'en 1258, Rennes-le-Château était devenu ville frontière à la suite du traité de Corbeil. La frontière espagnole étant sur l'Aude, donc Couiza et Espéraza étant en Espagne, Rennes-le-Château se trouvait en France.

Au milieu de ce siècle, on comptait environ 650 habitants et à l'époque de l'abbé Saunière environ 350 dans le village. C'est une chose tout à fait admissible. L'église pouvant contenir une centaine de fidèles, cela correspond à une population de 650 habitants de nos jours. Et même s'il y avait plusieurs chapelles à l'époque des Templiers, ce qui est fort possible, il est vraisemblable qu'il y avait la chapelle du château et l'église Saint-Pierre, puisqu'on appelle encore un endroit dans le village le quartier de l'église Saint-Pierre. Cela faisait que sans églises, il est tout à fait normal qu'on ait agrandi celle-ci.

 

Si l'on fait un bond au XVIIème siècle, on constate que de cette époque l'église n'en conserve plus guère de traces apparentes. Elle fut en effet restaurée en 1646. Il n'en subsiste plus guère de cette période que le porche d'entrée sur lequel on remarque Sainte Marie-Madeleine à gauche et à droite, venant avec une croix d'un côté sur un vaisseau, donc débarquant pour venir évangéliser la Gaule. Il est possible, mais cela est une conviction personnelle et je pense qu'elle est plausible, que l'église de Rennes-le-Château est dédicacée et non dédiée à Marie-Madeleine. Par conséquent, elle contient certainement quelque part une relique de cette sainte.

A quand remonterait la présence de cette relique ? Elle peut être importante, comme elle peut être insignifiante. Néanmoins, lorsqu'on pense que Bertrand de Blanchefort était le quatrième Grand-Maître de l'Ordre du Temple et qu'il est mort à Jérusalem, que le patron de Couiza est Saint Jean-Baptiste et que l'église de Couiza contient effectivement une relique de Saint Jean-Baptiste, il n'y aurait rien de surprenant à ce que l'église de Rennes-le-Château contienne une relique de Marie-Madeleine.

Il y a donc une reconnaissance, si l'on peut dire, du culte de Marie-Madeleine et de Saint-Jean-Baptiste à l'époque des Templiers.

 

Ce qui est certain, c'est qu'à partir du moment où Rennes-le-Château devient une commanderie templière et que Bertrand de Blanchefort est élu à la dignité de Grand-Maître du Temple, Rennes-le-Château ne s'appelle plus Rhedae, mais Beata Maria de Redae, la Bienheureuse Marie de Redae. De la même façon, c'est un peu comme si Lourdes s'appelait Notre-Dame. C'est significatif.

 

Il semble bien que les Templiers ont voulu faire de Rennes-le-Château un lieu de pèlerinage et vraiment un culte à Marie-Madeleine. C'est à cette époque encore que Couiza intronisa Saint Jean-Baptiste. Car ce saint était le patron des Templiers, avec la Sainte-Vierge, après elle bien entendu.

Sur le porche de l'église, on note à droite le sigle classique I H S qui est le sigle désignant la présence du Christ, mais en langage hermétique a été traduit par des initiés par Hic Sanguis Iesous (ici est le Sang du Christ). Evidemment, on peut appliquer ce sigle à toutes les églises, puisque pratiquement tous les jours par la célébration du sacrifice de messe toutes les églises contiennent le sang du Christ. Mais on peut se demander s'il n'y a pas une présence permanente du Sang du Christ, donc il y aurait ici une allusion au Saint-Graal.

On peut se demander si le Saint-Graal ne pourrait pas se trouver dans le site de Rennes-le-Château ou s'il ne s'y est pas trouvé à une époque déterminée. Ce qui est sûr, c'est que l'inscription est du XVIIème siècle et non de l'époque de l'abbé Saunière. On ne décèle aucune allusion à la coupe vénérée dans le Chemin de Croix de l'église conçu par Bérenger Saunière. C'est donc qu'il ne l'a pas trouvé. sans quoi, il y aurait incontestablement sur la Station représentant la mort du Christ, un personnage tenant un vase ou une coupe pour recueillir le Sang du Christ.

Par conséquent, est-ce que le Saint-Graal a été déposé à Rennes-le-Château un certain temps ? D'après un couple qui serait venu en 1964, le mari avait dit à mon prédécesseur, M. Noël Corbu : " Je viens ici comme en pèlerinage à Rennes-le-Château, parce que je descends en ligne directe d'un des sept évadés de Montségur, et notre ancêtre nous a dit de père en fils, transmettez la consigne : J'ai enfoui le trésor cathare à Rennes-le-Château ".

Certes, il faut être très prudent devant de tels propos (1). On compte actuellement cent-quatre Ordres de Chevalerie, et pratiquement on ne rencontre que des Grands-Maîtres. Donc des descendants de cathares évadés de Montségur, il y en a peut-être beaucoup, mais enfin cela peut être vrai aussi.

 

N'oublions pas que Richard Wagner a incontestablement cherché le Saint-Graal dans la région, principalement entre Montségur et Quéribus. Or, depuis cette époque, Montségur est devenu un lieu de pèlerinage pour les Allemands. C'est certainement ce bourg que l'on nomme Montsalvat dont parle le compositeur dans sa Tétralogie. Il est un fait que Richard Wagner a séjourné à Rennes-le-Château, cela a été démontré par des historiens. On voit d'ailleurs dans le cimetière la tombe de sa fille naturelle.

Donc, il y a de fortes présomptions pour une possibilité de la présence du Saint-Graal à Rennes-le-Château. Mais, personnellement, je crois plus volontiers qu'il se trouve sur le site de Montségur.

 

Sur le second pilier de l'entrée de l'église, à gauche, on remarque une plaque où figure un nombre : 1646. Sans aucun doute, la date de restauration de l'église au XVIIème siècle. Lorsque Bérenger Saunière fut nommé curé de Rennes, le premier juin 1885, l'église était encore en style XVIIème, de mauvais goût, comme malheureusement beaucoup d'églises de cette région. Toutes les boiseries étaient dégradées, les statues en place complètement fusées et le mobilier absolument inutilisable.

Pourtant 1646 peut être lu en langage hermétique. Ici, les 6 sont tracés d'une curieuse façon. On peut lire ISIS, les I ressemblant à des signes grecs. Néanmoins, il y aurait une faute. En effet, le 6 est un sigma d'un fait écrit de telle sorte que cette forme ne peut lui être donnée. Normalement, on aurait dû écrire la date de 1645, en faisant le 5 comme un sigma de terminaison. Il faut bien sûr assez d'imagination pour lire ISIS. Avec 1645, on aurait eu parfaitement l'inscription ISIS en lettres grecques.

On voit sur le porche la fameuse phrase " TERRIBILIS EST LOCUS ISTE " qui a fait couler beaucoup d'encre. Elle est pourtant tout à fait logique. C'est tout simplement l'introït de la messe de dédicace des églises que l'on trouvera dans tous les missels. Evidemment, il manque les phrases suivantes de cet introït. Mais revenons à la formule qui est gravée : " TERRIBILIS EST LOCUS ISTE ". TERRIBILIS étant pris au sens de majestueux, puissance. Ce lieu est terrible en ce sens qu'il est la Maison du Seigneur. Mais la liturgie a ajouté d'autres phrases de l'Evangile : " A qui frappe, on ouvrira " ; " Qui cherche, trouve ". Cela ne veut pas dire qu'il faille frapper dans l'église, sonder ses murs et ses carrelages. Ni chercher pour y trouver quelque chose. C'est d'autant plus inutile, que Bérenger Saunière, sans doute, a déjà tout trouvé...

 

Lorsqu'on entre à l'intérieur de l'église, la première chose que l'on voit, c'est la statue de Saint Jean-Baptiste. Il préside aux fonts baptismaux, mais c'est aussi le patron des Templiers;

Au-dessus de lui, une des Stations du Chemin de Croix sur laquelle figure une croix Rose-Croix. il en est ainsi au-dessus de la chaire et du bénitier. Il y a, sans doute, un hommage rendu par Bérenger Saunière à l'Ordre du Temple et à la Rose-Croix. L'hommage est encore plus précis, lorsqu'il est fait à Notre-Dame du Mont-Sion, ordre fondé par Godefroy de Bouillon à Jérusalem. Il se concrétise par le signe S M que Bérenger Saunière a fait peindre un peu partout sur les murs de son église. C'est vrai, cela peut signifier tout simplement Sainte-Madeleine.

Pour ce qui est du reste, si les structures de la partie carolingienne ont été conservées, il n'y a aucun doute que les Templiers ont appliqué dans la restauration de cette église toutes leurs connaissances de l'architecture. Mais aussi tout leur savoir dans l'utilisation de l'art de la lumière. Ont-ils voulu faire de Rennes-le-Château un modèle du genre ? A moins qu'ils aient auparavant décelé des dispositions propres à être améliorées.

En tous cas, les embrasures extérieures de l'église sont toutes de la même époque dans la partie construite par les Templiers. Pour moi, il n'y a aucun doute : elles sont toutes de l'époque templière.

 

Il est remarquable de voir avec quel talent ils ont joué de la lumière solaire. Non pas dans la pensée d'indiquer un trésor caché, mais plutôt en forme de dévotion aux saints et même à Dieu. C'est d'ailleurs le cas de nombreuses cathédrales de France. Elles sont sciemment orientées pour favoriser ces jeux de lumière.

Le premier phénomène de cette nature qui se remarque dans l'église de Rennes-le-Château survient le 13 janvier, fête du baptême du Christ. Ce jour-là, à 13 heures, un rayon de soleil vient frapper les pieds du Christ des fonts baptismaux, puis il monte jusqu'à éclairer complètement l'ensemble composé par le Christ et Saint Jean-Baptiste. Cela dure environ une heure. Il y a d'autres rayons qui éclairent l'église, mais celui-là est caractéristique. J'ai observé le phénomène plusieurs années de suite et chaque année, il se renouvelle. Surtout, il n'y a que ce rayon de soleil qui frappe la scène des fonts baptismaux.

Deuxième phénomène : Le mercredi Saint de la liturgie, soit quatre ou cinq jours avant le 3 ou 4 avril, le Christ proclame : " Je suis la Lumière du Monde ". Effectivement, on voit dans l'église de Rennes un vitrail qui représente Jésus enseignant à ses apôtres : " Je suis la Lumière du Monde, allez enseigner sur la terre parmi les nations ". Ce jour-là, il se forme sur ce vitrail un triangle équilatéral parfait dont la tête est le Christ, la base Saint Pierre et Saint Jean, donc deux initiés tout à fait différents. L'un étant un personnage ignorant et extrêmement simple, l'autre très savant. Il y a là un effet de lumière des plus saisissants. Ce triangle de lumière est d'une intensité extraordinaire, dont la puissance lumineuse est amplifiée par le phénomène de l'effet de Young sur les parois des embrasures des fenêtres. Il n'y a plus projection parallèle d'une image sur un mur, mais il y a diffusion dans toute l'église. C'est le jour de l'année où l'église a une intensité d'éclairage extraordinaire par ce vitrail.

Autre phénomène encore, le jour de Pâques, donc le 3 ou 4 avril, un vitrail est transpercé par le soleil. Il figure le Christ ressuscitant Lazare. C'est incontestablement un vitrail de résurrection. Or, le Christ est orienté de telle sorte sur le vitrail, qu'étant projeté par le soleil sur le mur d'en face, il apparaît dans une situation bien déterminée. Si on poursuit l'observation plusieurs jours de suite, on voit que le Christ qui d'abord monte du sol contre le mur, apparaît à Marie-Madeleine comme dans l'Evangile, puis s'éteint après être monté.

Voilà donc trois phénomènes de lumière. Il y en a peut-être d'autres, mais enfin ceux-là sont particulièrement spectaculaires.

 

Pour comprendre les décorations de l'église de l'abbé Saunière, il faut faire un bond dans le temps, puisqu'il y eut un long silence entre le Moyen Age et l'année 1886, où Bérenger Saunière découvrit sous une dalle des objets de très grande valeur.

Sans aucun doute, il y a dans l'église de Rennes-le-Château des marques de reconnaissance, des ex-voto. Le plus étonnant, c'est, au-dessus du tabernacle, l'implantation des éléments du sceau de Blanche de Castille, en tant que princesse de Castille. Il se présente sous la forme d'un sceau carré de deux petites tours et d'une fleur de lys. Ces éléments sont très nettement reproduits au-dessus du tabernacle. Or, reproduire cela au-dessus d'un tabernacle dans une église, c'est quelque chose d'extrêmement curieux. Aussi, il n'y a aucun doute, et cela prouve que Blanche de Castille est fortement mêlée à la découverte de Bérenger Saunière.

De toute évidence, il y a là un acte de reconnaissance certain. L'acte est peut-être motivé tout simplement par le fait que les documents trouvés, au dire de la Ligue internationale des Libraires anciens, étaient signés de Blanche de Castille, c'est déjà beaucoup. Il est possible que ces documents indiquaient la présence dans l'église d'un dépôt assez considérable, mais je ne le pense pas. Je crois davantage qu'il s'agit de la reconnaissance par Blanche de Castille de l'authenticité de la descendance de Clovis. En effet, il ne faut pas perdre de vue qu'à une certaine génération, je crois qu'il s'agit de la quatrième ou de la cinquième après Sigebert IV, la descendance de Clovis était devenue arienne, donc restait chrétienne, mais avait embrassée l'hérésie d'Arius, et par conséquent se trouvait ipso facto écartée du trône de France.

Il est tout de même stupéfiant que Blanche de Castille, reine très catholique, ait signé et reconnu cette lignée. Cela fait peut-être ouvrir des portes nouvelles. On pense à la prophétie de Saint Rémy au baptême de Clovis : " Baisse la tête fier Sicambre, brûle ce que tu as adoré, adore ce que tu as brûlé ". Mais il a ajouté : " Vers la fin des temps, c'est un descendant de la vieille race des rois Francs qui sauvera le monde ".

Bien sûr, la lignée capétienne descend aussi des rois Francs, mais enfin cela fait rejaillir une nouvelle énigme sur la question de la légitimité.

 

Second hommage, il est aussi très net. C'est la statue de Saint-Antoine de Padoue que Saunière a érigé près de l'entrée de la sacristie. Ce personnage est le patron des objets perdus. Or, c'est la seule statue de l'église qui est portée par quatre anges. Il aurait été normal que ce fut Marie-Madeleine, patronne de l'église, qui fut ainsi mise en valeur, mais ce fut Saint-Antoine de Padoue. Il avait certainement bien des dettes envers lui.

 

Si l'on veut se mettre à étudier le Chemin de Croix, on risque alors de tomber dans le domaine de la fantaisie. Mais, au vrai, on peut sans doute considérer le Chemin de Croix comme un catalogue de renseignements que Bérenger n'a jamais pu utiliser. Peut-être reproduit-il des éléments qu'il a voulu faire connaître ? A moins qu'il s'agisse de l'expression d'un hommage.

Sur les quatorze stations du Chemin de Croix, la plus étonnante, pour moi, c'est la première Station. En effet, de voir un gouverneur romain, avec un voile de femme sur la tête, c'est vraiment une forme de reproduction d'une haute fonction impériale romaine qu'on n'a jamais vu. Il y aurait donc une affaire de voile. C'est d'autant plus étonnant que derrière le gouverneur, il y a un voile impérial qui est soulevé, et ceci dans le même alignement que le voile qui est sur la tête du gouverneur. Il semble donc qu'il y a un voile à soulever lorsqu'on parcourt ce Chemin de Croix.

Egalement sur cette même Station, on aperçoit un personnage qui tient un parchemin, levant une main comme rendant une sentence. Or, autant qu'on le sache, d'après l'Evangile, il n'y a pas eu de décision écrite de la part de Ponce Pilate. Celui-ci a simplement décidé de livrer le Christ au Sanhedrin pour qu'il soit jugé. Il n'y a donc pas eu d'écrits, autant qu'on puisse le savoir. Dans ces conditions, ne faudrait-il pas supposer qu'il y a un personnage qui va lire un parchemin important, dessous un voile qui est à soulever ? ...

Ensuite, on se perd en conjectures. Gérard de Sède (2) a tout de même eu le mérite d'ouvrir les yeux sur des suppositions et peut-être des certitudes. En tout cas, trancher catégoriquement, dire telle Station signifie telle chose, je crois que personne ne peut s'y aventurer pour la simple raison qu'on n'y a jamais rien décelé de concret. En ce qui me concerne, je n'ai jamais trouvé de solution, sinon peut-être des points de repère difficiles à transposer.

 

En ce qui concerne la grande fresque du Mont des Béatitudes bien en évidence au-dessus du confessionnal, sa présence est tout à fait compréhensible. L'abbé Saunière a fait de Rennes-le-Château un mont des Béatitudes. Il voulait que son domaine devienne une maison de retraite pour prêtres âgés.

Au premier plan, on y voit le miracle des roses de Sainte Germaine de Pibrac. Pibrac, près de Toulouse, est aujourd'hui un lieu de pèlerinage. Le corps de cette sainte qui est exposé dans l'église de Pibrac y est très vénéré.

Outre sa représentation sur la grande fresque, Bérenger Saunière l'a également donné en statue dans son église.

Le miracle des roses, c'est le pain contenu dans un tablier qui se transforme en roses. Au bas de la fresque, au pied du Mont des Béatitudes, on voit une bourse percée. Certains y voient une bourse pleine d'or. Considérant son volume, elle pèserait 250 kgs. Est-ce possible ?

Pour le reste, on y voit Marie-Madeleine pleurant au pied du Christ. En raison du miracle de Sainte Germaine, le mont est fleuri. On a voulu y voir le Mont Fleury. Les Fleury étant, au XVIIIème siècle, des seigneurs de la région. Mais, enfin, il peut tout simplement s'agir de roses jetées au pied du Christ par Sainte Germaine. Cela ne prouve rien.

Encore, dans les peintures qui sont présentes de part et d'autre du Mont des Béatitudes, tout le monde s'est efforcé d'y reconnaître des villages environnants.

Mon opinion est que Bérenger Saunière a voulu représenter Béthanie et Magdala. Il a appelé la tour Magdala pour le motif que Marie-Madeleine se disait à l'origine Marie de Magdala, c'était le lieu de ses terres. Dans ses domaines, elle était la soeur de Lazare de Béthanie. C'est pourquoi Saunière a appelé la ville Béthanie, soit la maison de Lazare.

Il ne faut pas oublier que dans la vie du Christ, Lazare a joué un rôle immense. C'est lui qui a pratiquement organisé avec Sainte Marthe, Marie-Madeleine et Marie la Silencieuse toutes les étapes de la période de l'évangélisation du Christ. Le Christ a travaillé pendant trente ans de ses mains. Il était très pauvre. Il n'avait aucune ressource au moment de l'évangélisation et c'est la fortune de Lazare qui a été entièrement consacrée à sa marche. C'est d'ailleurs comme cela que Sainte Marthe est devenue la patronne des hôteliers. En effet, elle a été la première aubergiste du Christ. Elle avait créé une oeuvre destinée à implanter des maisons où Le Christ pourrait se reposer avec ses disciples quand il évangéliserait. C'est d'ailleurs étonnant, cette notion même de l'hébergement, de la protection, qui a fait naître l'Ordre du Temple. Cet Ordre, à l'origine, n'était qu'une milice destinée à protéger les pélerins de la Terre Sainte. Les routes étant devenues impraticables, en proie à de perpétuelles razzias, c'était en somme, si l'on veut, des gendarmes chargés d'assurer la sécurité sur la route des pélerins. On constate qu'il y a une grande similitude entre la vie de Lazare, celle de Marie-Madeleine et la vocation du Temple. Tout se trouve confondu.

 

Evoquons enfin la pièce maîtresse de l'église de Rennes-le-Château, celle qui attire aussitôt l'attention dès qu'on en franchit le seuil. Je veux parler du bénitier supporté par le Diable. D'après les personnes du pays, les vieilles gens qui ont connu l'abbé Saunière, il l'aurait mis dans l'église parce qu'on l'accusait d'avoir beaucoup d'argent par sorcellerie ou magie noire. Ainsi pour riposter à la médisance, il a condamné le Diable à porter le bénitier sous le signe de la croix. Ce qui est évidemment le plus terrible supplice qu'on puisse imposer au Démon. Il est hors de doute que cette statue est la plus étonnante de l'église, la mieux réalisée. Comme expression de souffrance et d'accablement, il est difficile de faire mieux.

Elle n'est en rien contraire à la théologie. Sa présence même serait une preuve de foi immense de son concepteur en la puissance de Dieu et en la volonté inébranlable d'écraser ses ennemis.

C'est assez troublant, il faut l'avouer, que Bérenger Saunière ait placé ses initiales B S au-dessus du bénitier. C'est assez habile aussi. Au fond, ce ne sont peut-être pas ses initiales à lui. Je pense, au contraire, que cela veut dire avant tout Basilica Sigeberti, la basilique de Sigebert IV. Il est exact qu'au confluent de la Blanque et de la Sals, au sud de Rennes-les-Bains, à 3 km à vol d'oiseau de Rennes-le-Château, non loin de la source de la Madeleine, se distingue un lieu appelé le bénitier, lequel fait face à un rocher creusé connu sous le nom de fauteuil du diable.

Finalement, ces initiales sont-elles vraiment une indication que Bérenger Saunière a voulu nous transmettre ? Ce qui est certain, c'est qu'il ne se promenait pas dans la campagne autant qu'on a voulu le dire. A partir du moment où il a été suspens a divinis, en 1910, c'est-à-dire dans l'impossibilité d'exercer son sacerdoce; Bérenger Saunière n'a plus eu d'argent. Il a éprouvé des difficultés matérielles et a cessé ses déplacements. Toutes ces épreuves ont d'ailleurs miné sa santé. Depuis quelque temps déjà, il n'avait plus ce dynamisme qu'on lui avait connu au temps de sa splendeur.

 

 

LE TRESOR DE BLANCHEFORT.

 

 

L'explication de la ruine, car il faut employer le mot, de Bérenger Saunière, à partir de 1908, pour moi, elle est très simple. Il avait tout simplement découvert dans l'église de Rennes-le-Château un trésor qui n'avait pas de peine à avoir une valeur importante, sans avoir un volume bien considérable.

N'oublions pas que Rennes-le-Château est une ancienne capitale et que les Blanchefort étaient très riches. La marquise de Blanchefort qui est morte pratiquement sans descendance - sa fille étant simple d'esprit - avait dû donner à l'église une grande partie de sa fortune, sinon la totalité peu avant sa mort.

Bérenger Saunière a vraisemblablement trouvé dans son église le trésor caché par l'abbé Bigou, en 1792, à la veille de partir pour l'Espagne. Puis à l'occasion de ses travaux dans l'église et des fouilles qu'il effectua dans le cimetière en 1895, on ne peut douter qu'il ait découvert la fortune des Blanchefort contenue dans le caveau familial, qui était devenue une sépulture factice.

C'est, sans aucun doute, l'abbé Bigou qui l'avait déposé là ; on sait qu'ayant refusé de jurer fidélité à la Constitution de l'époque, il préféra s'exiler à Sabadell, au sud de Barcelone.

Comme il  ne pouvait emporter le trésor de son église ni la fortune des Blanchefort dont il était désormais le dépositaire, il cacha l'un et l'autre avec plus ou moins de précautions. Surtout la fortune des Blanchefort qu'il dissimula en laissant des indications que personne ne pourrait traduire, hormis un initié.

L'abbé Saunière en a certainement compris le secret lorsqu'il lut la stèle de la marquise de Blanchefort. Cette pierre disparut ensuite, mais un ingénieur parisien, M. Ernest Cros, propriétaire des bains de Ginoles, l'a reconstituée en interrogeant les habitants du village. C'était après la première Guerre mondiale.

 

L'inscription de la stèle a été divulguée il y a environ trente ans et elle correspondait à la reconstitution faite par ce chercheur. Cependant, elle apportait des éléments nouveaux. L'une et l'autre sont d'accord sur ces inscriptions :

 

PS - PRAE - CUM - REDDIS - REGIS - CELLIS - ARCIS.

 

Mais la divulgation ajoutait verticalement cette formule composée d'un mélange de lettres grecques et latines : ET IN ARCADIA EGO.

 

M. Cros avait mis dans ses notes : Les gens du pays m'ont dit : " Il y avait d'autres lettres verticales, mais on ne peut pas vous dire ce que cela voulait dire, nous n'y avons jamais rien compris, on nous a dit que c'était du grec ". Et M. Cros avait fait cette observation : "Personnellement, je ne pense pas que c'était du grec, mais des signes kabbalistiques templiers ". Et lorsqu'on a publié la reproduction, qui serait extraite d'un livre d'Eugène Stubleïn, on a pu remarquer que c'était du grec. Donc là, l'opinion de M. Cros était en contradiction avec la tradition orale, c'est cette dernière qui a triomphé. Or, bien que cela ne fasse aucun doute, la reproduction d'Eugène Stubleïn est certainement exacte, d'autant plus qu'elle correspond parfaitement à l'emplacement où Bérenger Saunière a trouvé le trésor dans l'église. C'est cela qui confirme incontestablement l'authenticité de cette inscription. D'abord on lit verticalement ISIS, toutefois cela peut être truqué... Mais on voit également à la base de cette pierre LIXLILX, ces trois L semblent indiquer les trois dimensions : la longueur, la largeur et la hauteur. Or, LX nous donne 9 toises et l'église de Rennes-le-Château fait exactement 9 toises de long. Elle avait été agrandie par les Templiers qui l'ont porté à 9 toises. Donc, il n'y a aucun doute, cette vérification est un premier moyen d'authentifier l'église.

Deuxièmement, si vous traduisez en latin correct l'inscription horizontale, cela nous donne : REDDIS / tu te places ; PRE / en face ; CELLIS / tu te diriges ; ARCIS / les points de repère.

 

Les points de repère sont les croix. Or, si l'on se reporte à la pierre triangulaire de Coume-Sourde ( lieu-dit situé à moins de 5 km de Rennes-le-Château ) qu'a découvert M. Cros, on a : SAE -SIS et une croix carolingienne. Celle-là même qui se trouvait à l'emplacement de l'autel qui était plaqué contre le mur avant que l'abbé Saunière en ait bouleversé l'ordonnance.

Puis, SAE : Saint Antoine-Ermite. SIS ; Sainte Isis, autrement dit : Marie-Madeleine. Si l'église avait été dédicacée à Saint Pierre ou à la Sainte Vierge, c'est eux que l'on aurait désigné comme les gardiens du dépôt.

Finalement, au point de concours des médianes, on se situe exactement sur l'emplacement de la tombe dans laquelle Bérenger Saunière a trouvé le trésor.

 

 

COMPTES SECRETS.

 

 

 A mon point de vue, il n'y a aucun doute, l'inscription de la stèle de la marquise est parfaitement exacte et elle permit de retrouver l'emplacement en question.

D'ailleurs, l'abbé Bigou savait très bien ce qu'il faisait. A la Révolution, peu de personnes auraient été capables d'interpréter un tel message. Le dépôt était destiné à n'être retrouvé que beaucoup plus tard. C'est effectivement ce qui s'est produit; L'abbé Bigou a quitté Rennes-le-Château en 1792, après avoir fait graver la stèle de la marquise, et ce n'est qu'en 1886, presque cent ans plus tard, que Bérenger Saunière retrouvait le trésor dans l'église.

 

Ce travail d'interprétation ne s'est évidemment pas fait tout seul. Il est vraisemblable que Bérenger Saunière s'est adressé à son ami l'abbé Gassaud curé de Saint-Paul de Fenouillet. Pour le remercier, il lui a d'ailleurs fait don d'un calice trouvé dans le trésor. Il a été demontré que  cette pièce venait du dépôt des Blanchefort.

Ce n'est que bien plus tard que l'abbé Saunière a prévenu l'Evêché de Carcassonne. Mgr Billard n'a d'ailleurs jamais inquiété son prêtre. Par la suite, on a souvent accusé Mgr de Beauséjour, son successeur, d'avoir créé des ennuis au curé de Rennes. Mais la situation n'était plus la même.

 

L'anticléricalisme a commencé en 1902-1903, avec le gouvernement Combes, où il s'est manifesté violemment. Par conséquent, Mgr de Beauséjour ne voulait pas avoir sur le dos encore une affaire. C'est à partir de 1906 que prend corps l'accusation d'espionnage lancée dans la région contre Bérenger Saunière ; on comprend dès lors que l'évêque ne tenait pas du tout à ce que l'on puisse reprocher cela à l'un de ses prêtres, et en même temps à se trouver lui-même compromis dans cette affaire. L'accusation d'espionnage était assez facile à lancer, étant donné que Bérenger Saunière recevait tous les mois des sommes considérables d'Autriche au titre d'une fondation qu'il avait créée pour venir en aide aux missions d'Afrique.

Ainsi, il était aisé de dire : il reçoit des sommes fabuleuses d'Autriche, donc c'est un espion ! L'Autriche, à une époque où la situation politique se détériorait entre la France d'une part et l'Allemagne d'autre part. C'est ce qui explique qu'en 1908, quand l'affaire s'est aggravée et qu'elle prit des proportions importantes, il avait commandé des meubles, des travaux. Il a reçu les meubles puisque les délais de fabrication ont chevauché avec les difficultés financières. Mais à la mort de Saunière, ils n'étaient toujours pas payé en totalité.

En effet, il avait demandé à ses débiteurs, ses bienfaiteurs plus exactement, d'Autriche, de cesser leurs envois de fonds pour ne plus attirer l'attention sur lui.

Il a certainement espéré jusqu'au bout que cette situation s'arrangerait et que cela recommencerait. Malheureusement, il y a eu la déclaration de guerre, l'abbé Saunière est mort pendant la guerre et l'Autriche a perdu la guerre ...ça a été fini.

Ce qui est sûr, c'est que Marie Dénarnaud, sa servante, a confié à des amis intimes de Rennes-le-Château : " Si l'abbé Saunière n'était pas mort pendant la guerre, il n'aurait jamais manqué de rien ! ". Ce qui confirme bien cette thèse que j'avais opposé il y a des années et qui s'est confirmée depuis par le fait que quelqu'un a retrouvé effectivement dans une banque que Bérenger Saunière avait un compte ouvert le même jour au côté d'un membre de la famille impériale d'Autriche. J'ai également retrouvé dans la bibliothèque une lettre de retour, d'une banque de Budapest : il avait donc vraisemblablement un compte ouvert dans cette ville.

 

Ces comptes expliquent vraiment tout sur l'origine de la richesse de Bérenger Saunière.

Les dispositions qu'il avait prises lui avaient permis de conserver le caractère sacré des objets qu'il avait trouvé dans l'église. En conséquence, il ne pouvait les remettre qu'entre des mains sacrées. A savoir : la famille impériale d'Autriche. Il ne faut pas oublier que l'empereur d'Autriche représentait le successeur de Charlemagne, et dans la hiérarchie religieuse l'adjoint direct du pape, au-dessus des cardinaux et des évêques. Il  était une puissance temporelle qui pouvait en retour témoigner reconnaissance. Il est donc probable que les objets précieux retrouvés par Bérenger Saunière dans son église ont été déposés à l'époque dans le Trésor de la Maison d'Autriche. Le sont-ils encore de nos jours, en l’occurrence au château de Schönbrunn ? On ne le saura peut-être jamais ; ceux-ci se trouvent-ils chez des particuliers, en Autriche ou dans un autre pays ? Ca, tout le monde l'ignore ... enfin presque tout le monde !

Bérenger Saunière, le curé aux milliards de Rennes le Château.